C’est un problème courant rencontré par les propriétaires de chiens : leur compagnon, pourtant si calme au quotidien, devient hystérique au passage d’une voiture, d’un vélo ou de tout autre objet (ou personne) en mouvement.
🐾 Ce comportement a plusieurs origines :
👉 La prédation : le mouvement peut réveiller l’instinct de prédation de certains chiens. Quand l’objet pris en chasse s’arrête, généralement la séquence de prédation prend fin et le chien retrouve le calme.
👉 La peur : un chien qui a peur des voitures peut se déchaîner à leur vue, surtout s’il est en laisse. Un animal qui a peur choisit généralement l’éloignement, mais quand le chien est en laisse sur le trottoir, il ne peut se soustraire à ce qui lui fait peur et peut choisir l’offensive pour essayer d’éloigner ce qui l’effraie.
👉 La volonté d’arrêter le mouvement : ce comportement est typique des Border Collies qui, il y a peu, étaient encore sélectionnés sur leurs aptitudes au travail sur troupeau. Un Border n’est jamais plus heureux que quand il contrôle son troupeau, et que les brebis ne cherchent pas à se soustraire à sa volonté de les maintenir rassemblées. Un Border « citadin » peut chercher à arrêter le mouvement des voitures, des vélos et de tout ce qui se déplace un peu rapidement et qui peut représenter un substitut de troupeau. J’ai déjà vu un Border, non tenu en laisse sur la voie publique, se jeter devant une voiture et se coucher pour stopper le mouvement du véhicule. Heureusement que ce dernier était équipé de bons freins.
👉 La phonophobie : une mobylette, une moto-cross ou une voiture qui fait beaucoup de bruit peut déclencher certains chiens. Le bruit est une source de stress importante pour beaucoup de nos canidés domestiques. Cette caractéristique va souvent de pair avec une sensibilité exacerbée, et se retrouve souvent chez les races bergères.
L’hyper-réactivité canine face à ce qui bouge peut également être une combinaison de plusieurs des facteurs sus-cités : par exemple, un chien peut faire de la prédation ET être en plus très sensible au bruit.
🐾 Existe-t-il des solutions à ce « problème » ? Oui !
Ce comportement est en effet problématique car le chien peut se mettre en danger, provoquer un accident ou faire tomber son propriétaire. De plus, un chien qui sur-réagit à un stimulus, c’est bien souvent un chien stressé par la présence de ce dernier.
Il est possible de gérer l’environnement du chien pour limiter son stress : le promener dans des endroits calmes, le tenir en longe évidemment, et même l’équiper d’un cache-oreilles de protection contre le bruit (oui, ça existe pour les chiens et non, ce n’est pas ridicule -rien de ce qui peut enlever une douleur ou un stress à un animal ne saurait d’ailleurs être risible) dans les rues les plus passantes. Bien sûr, le port du casque nécessite un apprentissage préalable, comme celui du collier, du harnais ou de la muselière.
Ensuite, il est envisageable de désensibiliser le chien au passage de ce qui est en mouvement : en travaillant sur la distance et la gestion des émotions, on peut obtenir des résultats intéressants.
👉 Commencez toujours le travail en longe, pour assurer la sécurité de votre chien, des autres utilisateurs de la voie publique et aussi, pour éviter que votre compagnon ne se renforce dans son comportement « indésirable ».
👉 Le but de l’exercice est d’éviter que le chien ne produise le comportement que l’on souhaite atténuer : on ne travaille surtout pas dans la sanction, mais dans la prévention. Attention donc de ne pas être trop près de l’élément déclencheur. Si besoin, on peut commencer à des dizaines de mètres, en fonction de la distance de déclenchement du chien. La longe doit être détendue, et le chien préalablement défoulé.
👉 En récompensant les comportements qu’on souhaite voir se reproduire (regarder l’élément déclencheur calmement, regarder son humain ou tout simplement ne pas réagir), on renforce le chien dans tout ce qui est « acceptable ».
👉 Progressivement, on peut réduire la distance, mais attention ! C’est un travail qui nécessite des jours, des semaines, voire plus, si l’on veut que le nouveau comportement soit suffisamment ancré.
👉 Si, pendant l’entraînement, le chien se déclenche de nouveau, c’est que vous êtes trop près. N’hésitez pas à revenir à l’étape précédente.
👉 Pour ne pas saborder involontairement les entraînements, lors des promenades entre chacun d’entre eux, l’idéal est d’essayer d’éviter les endroits où l’on va rencontrer ces stimuli déclencheurs, quitte à sortir de la ville en voiture pour se promener dans des endroits tranquilles.
👉 Chaque session d’entraînement ne doit pas être trop longue. Mieux vaut faire trois sessions de cinq minutes dans la journée plutôt qu’une seule session de quinze minutes, ce qui est déjà long pour un animal.
🐾 L’objectif est que le chien comprenne que le calme paie, et qu’il apprenne à observer son environnement plutôt qu’à réagir aux stimulations sur une impulsion. De plus, au fil de l’entraînement, son émotion en présence du stimulus déclencheur évoluera pour devenir plus positive.
Cette méthode de travail vous permettra de pouvoir croiser des vélos ou des voitures avec beaucoup plus de sérénité, si vous prenez suffisamment de temps pour créer des fondations solides. Attention, un chien reste un chien, pas un robot : si vous faites le choix d’enlever la longe avec le temps, soyez toujours vigilant. Même après avoir appris un nouveau comportement, un chien peut toujours réagir à une impulsion : un mauvais jour, une voiture qui passe avec plus de bruit que d’habitude, un vélo qu’il n’entend pas arriver… peut le déclencher à nouveau. La gestion de l’environnement reste toujours de mise.
À noter que, si le chien fait de la prédation, il est important de combler ce besoin, par exemple par le biais de jeux de lancer.
Enfin, faites-vous accompagner d’un bon coach en éducation bienveillante, cela permet d’éviter les erreurs.
À vous de jouer !
Elsa Weiss / Cynopolis
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