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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Les petits chiens, ces oubliés…

« Ce sont toujours eux les plus hargneux », « Ce ne sont pas des vrais chiens », « Je n’aime que les gros chiens, les petits sont des chiens à mamies »… Quel propriétaire de petit chien n’a jamais entendu ce genre de commentaire désagréable ? Les petits chiens semblent toujours être les oubliés de la gent canine. On en parle peu sur les réseaux, où l’on voit bien plus souvent des chiens de grande race, des bergers, des molosses (même sur cette page, j’ai tendance à les oublier !). Quant aux éducateurs qui préfèrent le collier étrangleur aux dernières avancées scientifiques, n’en parlons pas : il ne s’agirait pas d’abîmer leur image virile en les affichant avec un Caniche en bout de laisse, et puis quoi encore ?


C’est bien triste, car si l’on exclut leur taille réduite, les petits chiens sont avant tout… des chiens. Ils descendent du même ancêtre que tous les autres chiens, et leur psychologie de diffère pas de celle d’un Rottweiler ou d’un Doberman. Il ne faut pas non plus penser qu’ils sont tous issus des chiens de manchon des nobles dames du Moyen-Âge : le Yorkshire, par exemple, était un redoutable chasseur de rats dans les mines anglaises, et le Chihuahua, si souvent moqué, est une race très ancienne qui existait déjà à l’ère précolombienne (certes, elle a quelque peu changé depuis, pour répondre aux demandes du public qui recherche des chiens au format toujours plus réduit). À titre personnel, j’ai partagé ma vie avec un Yorkshire qui était le chien le plus intrépide qui soit. Il avait d’ailleurs connu plusieurs familles avant que je ne me décide à l’adopter : la preuve qu’un petit chien n’est pas nécessairement plus facile à gérer au quotidien qu’un gros !


Le problème, c’est qu’un petit chien qui présente des problèmes de comportement dérange moins qu’un chien plus grand : c’est en partie pour cela que les chiens de petite taille sont moins présents sur les pages dédiées à l’éducation canine. Leur souffrance est souvent ignorée, parce qu’elle ne dérange personne. Ils se déchaînent en bout de laisse ? Qu’à cela ne tienne, un petit hélitreuillage et hop ! Ils se retrouvent dans les bras. Quelque chose les effraie ? Pas grave, il suffit de tirer un peu sur la laisse et ils n’ont pas d’autre choix que de suivre. C’est plus difficile avec un Cane Corso… Mais il s’agit d’une véritable négation des émotions de l’animal, qui n’est pas écouté et pas respecté. Le meilleur service à rendre à votre petit chien, c’est de le traiter comme un grand !


De même, il est courant de penser que les petits chiens ont besoin de moins d’exercice que les gros. C’est une aberration. Mon Yorkie pouvait parcourir quinze kilomètres sans aucune fatigue, là où mon Staff tirait une langue de vingt centimètres à la fin du parcours. Même un Lhassa Apso ou un Épagneul Tibétain peuvent randonner sans aucun souci, inutile de se tourner vers une race plus « sportive » pour pouvoir profiter de longues promenades avec son compagnon. Un chien est toujours un animal actif, tant qu’il est en bonne condition physique. Vous en ferez rarement trop avec votre petit chien : ce qu’un humain peut faire physiquement n’est généralement rien pour un chien en bonne santé. Vous serez bien souvent fatigué avant lui, même s’il a de toutes petites pattes.


Si les petits chiens sont souvent « plus hargneux » que leurs congénères de grande taille, c’est parce qu’on leur donne rarement la possibilité de communiquer librement. On les porte au moindre grognement, on les surprotège. Même s’il est indispensable de veiller sur eux lors d’interactions avec les congénères, certains pouvant être pris pour de petites proies (d’où le fait qu’il ne me semble pas prudent de sélectionner des chiens toujours plus petits), il faut se rappeler que la majorité des chiens sont capables de communiquer avec des congénères de toutes tailles et ne vont pas faire du vôtre leur quatre heures. Je suis pour le fait, en revanche, de porter son petit chien si l’on trouve l’attitude du chien d’en face douteuse. Attention aux chiens un peu insistants, qui poussent votre petit chien dans ses retranchements et ne respectent pas ses demandes d’éloignement : un petit cri de la part de votre compagnon, et cela pourrait dégénérer en relation chasseur/proie. Mais ne soyez pas paranoïaque, ces cas restent vraiment une minorité. Détendez-vous, et laissez Titus être un chien, renifler des derrières, compter fleurette à un congénère, et jouer avec des copains tant que ces derniers n’ont pas un gabarit disproportionné par rapport à lui (attention tout de même aux jeux de course-poursuite qui sont hautement excitants pour les chiens et peuvent dégénérer en agression de prédation).


Enfin, si votre petit chien présente des comportements qui vous inquiètent, ne les niez pas ! Même si ces problèmes sont facilement gérables en collant Toutou sous le bras, ce n’est pas une solution respectueuse de l’animal. Les émotions du chien devraient toujours être prises en considération, quelle que soit sa taille. Une astuce ? Imaginez que votre chien est un Berger Allemand. Que feriez-vous alors ? Essayez de vous mettre dans la peau d’un propriétaire de gros chien, et cela vous aidera sûrement à changer votre façon de procéder. N’écoutez pas Tonton Bernard qui vous rabâche que, s’il s’agissait de son chien, ses problèmes seraient réglés en dix secondes avec un coup de pied au derrière (bizarrement, il ne ferait pas cela avec un molosse), et consultez un(e) éducateur(trice) si vous avez besoin d’être guidé. Nous rencontrons si peu de petits chiens dans le cadre de notre travail que nous sommes ravis quand le propriétaire de l’un d’eux nous demande de l’aide. Un chien est un chien, qu’il pèse deux kilos ou cinquante : chez nos canidés domestiques, la taille ne compte pas 😁 !


Elsa Weiss / Cynopolis Formations

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