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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Les garderies et centres aérés canins, pour ou contre ?

En 2017, j’ai créé un « centre aéré canin » en région bordelaise. Je poursuis encore l’activité une fois par semaine, car cela me permet de prendre un bon bain de chiens régulièrement. À l’époque où j’ai lancé ce « centre aéré », j’étais la seule de la région à proposer cette prestation (attention, je ne prétends pas avoir inventé le concept, il existait déjà, mais pas dans mon secteur). Cette idée m’est venue quand je me suis rendu compte que la plupart des soi-disant problèmes de comportement présentés étaient dûs à de l’hypostimulation : j’ai donc proposé aux propriétaires de garder leur chien pendant qu’ils partaient travailler, et de leur restituer Toutou en fin d’après-midi, fatigué par une journée bien remplie. J’étais habituée à organiser des rencontres canines grâce à mon expérience au refuge où je travaillais à l’époque, et je disposais d’un terrain clôturé à plus de 150 mètres des habitations, ce qui se prêtait parfaitement à l’activité que je souhaitais proposer.


Mais, ces dernières années, les garderies et centres aérés canins ont fleuri un peu partout. Ce n’est pas une mauvaise chose : les chiens souffrent beaucoup des longues semaines passées à la maison à ne rien faire, quand leurs propriétaires partent travailler dix heures par jour. Les laisser dans une garderie de temps en temps permet de « couper » leur semaine et de la rendre un peu moins interminable. Cependant, j’ai toujours un peu peur quand j’entends qu’une nouvelle garderie pour chiens ouvre quelque part en France : pour ouvrir une structure de ce genre, il est indispensable de respecter certains critères si l’on souhaite que les choses se passent au mieux et que les chiens passent VRAIMENT une bonne journée.


👉 Un espace suffisant : les chiens que je garde au terrain de centre aéré bénéficient de 5000m2 pour explorer, s’ébattre avec les copains, aller se coucher dans un coin s’ils ont envie de s’isoler… S’il n’est pas indispensable d’avoir un aussi grand espace à disposition, je trouve qu’en-dessous de 1500m2, c’est un peu petit pour accueillir un groupe de plusieurs chiens issus de groupes sociaux différents une journée entière.


👉 Un nombre de chiens limité : quand il y a 25 chiens sur un même espace, il est strictement impossible que leurs interactions soient de qualité. Une dizaine de chiens est déjà bien assez. Personnellement, je tourne désormais en circuit fermé : je ne prends presque plus de nouveau chien, j’ai mes habitués qui se connaissent bien et s’apprécient, et les rares nouveaux chiens que j’intègre ne sont pas plus d’un ou deux par session.


👉 Un tri dans les participants : quand un chien n’est pas à l’aise dans un groupe, je n’hésite plus à expliquer à ses gardiens que la garderie ne lui fait pas de bien. Être placé en immersion au milieu d’un groupe de chiens convient à certains individus très sociables, mais certainement pas à la majorité des chiens. Mon but, avec cette activité, est que les chiens passent une bonne journée, pas qu’ils soient prostrés dans un coin du matin au soir ou qu’ils se renforcent dans des comportements d’agression parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise.


👉 Une bonne lecture du chien : il est impératif de sortir immédiatement un individu canin d’une situation qui le met mal à l’aise. Or, il n’est pas toujours évident de se rendre compte qu’un individu en harcèle un autre, ou qu’un jeu est totalement subi par l’un des deux protagonistes. Avoir de bonnes bases en matière de communication canine permet d’éviter de laisser un chien dans une situation qui le dépasse.


👉 Une vigilance permanente : quand on ouvre une garderie canine, on doit toujours garder en tête le fait que les chiens sont des animaux. Des animaux munis de crocs, qui peuvent s’avérer violents avec leurs congénères dans certaines situations. Un chien normalement constitué évite généralement de passer à la morsure tant qu’il peut l’éviter, mais sur un terrain clos où il ne peut pas fuir, c’est complètement différent. L’objectif de la journée est bien évidemment que tout le monde s’entende et qu’aucun conflit ne survienne. Mais, si cela arrive, il faut être capable d’interrompre la bagarre, et d’y mettre les mains, quoiqu’on dise.


👉 Respecter la législation : un terrain qui accueille plus de 9 chiens doit être situé à plus de 150 mètres des habitations. Il est obligatoire de disposer de l’ACACED (qui ne suffit absolument pas en termes de connaissances pour exercer avec les animaux, nous sommes bien d’accord sur ce point), d’être déclaré et de bénéficier d’une assurance multirisque professionnelle pour ouvrir une garderie canine.


Les « centres aérés » canins, je n’y suis donc pas opposée, mais tout dépend de la façon dont ils sont gérés, du nombre de chiens accueillis, de l’espace disponible et des connaissances de la personne en charge de les surveiller. N’hésitez pas à rester quelques minutes pour observer votre chien en début de session : cela vous permettra de voir s’il se sent à l’aise et si la personne qui s’en occupe vous paraît bienveillante. Si vous en avez la possibilité, laissez votre animal une demi-journée avant de le laisser une journée entière. Et n’oubliez surtout pas que la garderie est un complément aux activités que vous pouvez proposer à votre chien, et qu’elle ne remplace en aucun cas de longues promenades quotidiennes où il peut explorer à sa guise.


Elsa Weiss / Cynopolis

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