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L’exploitation des chiennes reproductrices

C’est un thème qu’on aborde peu. Un sujet méconnu, ou tabou. Pourtant, il est important de s’interroger sur le sujet, à l’heure où le bien-être animal commence -mieux vaut tard que jamais !- à être une préoccupation sociétale.


Je souhaite parler aujourd’hui de l’exploitation des chiennes vouées à la reproduction. Je le précise tout de suite, je ne suis pas opposée à l’élevage, si ce dernier est le fruit d’une sélection intelligente (une VRAIE sélection, basée sur la santé et l’équilibre comportemental, pas seulement sur la couleur des yeux ou de la robe), d’une réflexion éthique (ce qui implique un nombre très limité de portées, parce que quantité n’a jamais rimé avec qualité) et d’un vrai respect des chiens élevés.


Quand l’unique préoccupation est la production de chiots à tout prix, forcément, les animaux en payent les conséquences. Les premières victimes ? Les femelles reproductrices, incontestablement. Je me souviens m’être fâchée avec un monsieur qui riait du fait d’attacher les femelles quand elles ne voulaient pas du mâle -et il en faut beaucoup pour que je me mette en colère. Je lui ai dit qu’il s’agissait de viol, ni plus ni moins, et que cela n’avait rien d’amusant. Une chienne, si elle en a la possibilité, doit pouvoir refuser son mâle, et si elle n’a pas d’affinités avec ce dernier, c’est une abomination de la forcer à être saillie en la contraignant physiquement (attention, je ne parle pas là du fait de tenir la chienne pour éviter une blessure pendant le verrouillage). Où est le respect du bien-être animal là-dedans ? D’autre part, l’attachement de la chienne aux futurs chiots peut être entaché par une saillie non souhaitée. Dans les cas les plus extrêmes, la chienne peut même manger ses chiots (oui, oui, cela s’est vu !). Les conséquences ne se voient pas nécessairement à court terme : mais le traumatisme vécu par la chienne est bien là, et les répercussions sur la qualité de son maternage peuvent se ressentir par la suite (même si je sais bien qu’il y en aura au moins un(e) pour m’affirmer que non, les chiennes de son élevage n’ont jamais été de mauvaises mères alors même qu’elles ont subi des saillies forcées), et surtout, c’est éthiquement très, très discutable de contraindre un être vivant, quel qu’il soit, à subir un acte sexuel non consenti.


Quant aux chiennes considérées comme des poules pondeuses, qui ne servent que de réservoirs à chiots (et à fric !), leur sort n’est pas plus enviable : porter, mettre bas, allaiter et élever des chiots est physiquement et mentalement épuisant pour une chienne. Une femme qui élève un enfant qu’elle a désiré peut vivre cette expérience comme un accomplissement (et encore, pas toujours), mais qu’en est-il d’une chienne ? Une chienne n’est pas consciente qu’elle peut avoir des chiots jusqu’au jour où elle les a sous le nez. Le « désir d’enfant », jusqu’à preuve du contraire, n’existe pas chez la chienne. D’où le fait que faire faire une portée à sa chienne doit être un acte particulièrement réfléchi, et certainement pas justifié par le fait de « la rendre plus épanouie ». Et lui faire faire portée sur portée, ce n’est clairement pas défendable.


L’anthropomorphisme peut être un obstacle à la bonne compréhension de la psychologie canine. En revanche, se mettre à la place de nos animaux, de temps en temps, nous permet de nous rendre compte à quel point nous leur infligeons des actes qui non seulement, seraient répréhensibles par la loi s’il s’agissait d’humains, mais sont particulièrement ignobles d’un point de vue moral.


Elsa Weiss / Cynopolis

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