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Photo du rédacteurCynopolis Elsa Weiss

Je ne suis pas éleveuse

Je ne suis pas éleveuse parce que, faire commerce d’êtres vivants, cela implique des compétences que je n’ai pas.

Je ne suis pas éleveuse parce que, faire reproduire une chienne, c’est une responsabilité que je ne me sens pas les épaules de porter.

Je ne suis pas éleveuse parce que je n’ai pas de reproducteurs qui pourraient apporter des améliorations à une race.

Je ne suis pas éleveuse car je ne connais pas tous les tests de santé à faire réaliser à de futurs géniteurs.

Je ne suis pas éleveuse parce que mes connaissances en génétique sont limitées.

Je ne suis pas éleveuse car je suis consciente des risques d’une gestation et d’une mise-bas, et je n’ai pas les connaissances pour réagir en cas de problème.


Être éleveur, ce n’est pas juste produire de beaux chiens.

Être éleveur, ce n’est pas faire reproduire des races qu’on connaît à peine, juste parce qu’on sait qu’elles vont se vendre.

Être éleveur, ce n’est pas faire de l’argent facile en vendant des chiots sur Leboncoin.

Être éleveur, ce n’est pas faire porter sa chienne « parce qu’elle a besoin d’être maman », ou qu’on veut garder un chiot sans se préoccuper de ce que deviendront les autres.

Être éleveur, ce n’est pas faire des mariages arbitraires, sans même connaître la différence entre homozygote et hétérozygote (non, ce ne sont pas des orientations sexuelles…).

Être éleveur, ce n’est pas produire des chiens à la mode, sans aucun travail de sélection sur leur santé et leur comportement.

Être éleveur n’est pas un passe-temps : c’est un métier. Un métier qui demande de multiples compétences, car la sélection, l’amélioration de la race, la production de chiots adaptés à une vie de famille ou à un travail particulier, demandent passion, rigueur et connaissances scientifiques.


Je ne supporte plus de voir ces chiots vendus comme des petits pains sur Internet, sans aucun parent confirmé, à des prix exorbitants et qui trouveront preneurs parce qu’ils ont le pelage bleu merle ou les yeux vairons. Je ne supporte plus de voir des chiots distribués comme des petits pains, par des éleveurs n’ayant aucune connaissance de la race, à des acheteurs n’en ayant aucune non plus (acheteurs, vous êtes AUSSI responsables : à l’heure d’Internet, se renseigner avant d’opter pour une race particulière ne me semble pas hors de portée. S’étonner qu’un Border poursuive les vélos ou qu’un Shetland aboie, ne me paraît désormais plus pardonnable).


Les vrais éleveurs, les vrais sélectionneurs, ceux qui élèvent une ou deux races et font naître des chiots en parfaite connaissance de cause, sont rares. C’est pourtant vers eux qu’il faut se tourner si l’on veut trouver la perle rare. Il est temps qu’une formation obligatoire (l’ACACED, que je dispense, n’est aucunement une formation, juste une autorisation d’exercer, bien insuffisante pour travailler avec du vivant) soit mise en place pour encadrer cette profession et contribuer à ce que les « marchands de chiens » disparaissent de la circulation (utopie…).


Le chien n’est pas un produit de consommation. Il est un être vivant. Et ça, on est en train de l’oublier.


Elsa Weiss / Cynopolis

© Tous droits réservés - 2022



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