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Help, mon chien course tout ce qui bouge !

De nombreux chiens réagissent excessivement au passage d’un coureur, d’un vélo ou d’une voiture. Ils peuvent se jeter en bout de laisse en vocalisant ou non, essayer de mordre, et s’ils sont en liberté, poursuivre l’objet ou la personne en mouvement, l’encercler ou même se placer devant l’objet ou la personne pour tenter de contrôler ce qu’ils perçoivent comme une fuite.


Il est possible de désensibiliser ces chiens au mouvement, en travaillant très progressivement sur leur distance de déclenchement. Avant d’entreprendre le moindre travail, il est indispensable de s’assurer que les besoins inhérents à leur espèce sont comblés : par exemple, un chien qui ne sort pas suffisamment sera beaucoup plus excitable qu’un chien dont les besoins d’activité physique et mentale sont comblés. Il sera donc bien plus susceptible de réagir à l’excès au passage d’un objet ou d’une personne. D’autre part, les besoins liés à la génétique de sa race doivent aussi être pris en compte : les chiens qui réagissent excessivement au mouvement sont pour la plupart des chiens de berger, sélectionnés initialement pour contrôler le mouvement du bétail. C’est la vie en ville qui fait de cette spécificité un « défaut », mais il faut se rappeler qu’initialement, il s’agissait d’une qualité recherchée chez ces chiens, et ce pendant des générations.


Assurez-vous donc de trouver un moyen de combler le besoin de « poursuivre » de votre chien, s’il fait partie de cette dernière catégorie : en lui proposant des jeux de course-poursuite avec d’autres chiens (s’ils sont d’accord et si les rôles s’inversent régulièrement), des jeux de lancer limités dans le temps et contrôlés, des séances de Frisbee, de flirt pole, etc. Mais soyez toujours attentif au niveau d’excitation de votre chien. Ne le laissez pas monter dans les tours, ou se « déconnecter » totalement de ce qui l’entoure. Combler le besoin de poursuivre est cependant capital, car il s’agit d’un patron-moteur ancré dans la génétique du chien : vous ne le ferez pas disparaître s’il n’est pas satisfait d’une façon ou d’une autre.


Avant d’entreprendre un travail de désensibilisation, il peut être bon de faire redescendre le taux de cortisol de votre chien en évitant de le confronter pendant quelques jours au stimulus qui l’excite, le met en colère ou l’effraie. Pendant le temps qui vous semblera nécessaire, prenez votre voiture pour l’emmener en promenade et éloignez-vous de la ville : le fait de faire des sorties à la campagne, loin des stimuli de la ville, fera redescendre le taux de stress de votre compagnon qui sera alors prêt pour l’entraînement. Le stress bloque le processus d’apprentissage, seul un individu détendu peut apprendre sereinement.


Une fois que votre chien vous semblera prêt, munissez-le d’une longe et d’un harnais. Vous pourrez choisir un endroit où l’exposer par tout petits paliers au stimulus auquel il sur-réagit. S’il réagit au passage des vélos, choisissez un parc spacieux où vous pourrez prendre de la distance par rapport à ces derniers. Gardez en tête que l’objectif sera que votre chien ne réagisse pas : ne le mettez pas en situation d’inconfort, restez dans une zone où il se sent à l’aise. Si c’est à cinquante ou cent mètres, ce n’est pas grave ! Conservez la distance jusqu’à ce que vous sentiez que votre chien est suffisamment détendu pour la réduire de quelques mètres au fil des jours ou des semaines.


Chaque fois que votre chien est capable d’apercevoir un vélo sans réagir, récompensez-le fortement ! Laissez-le faire ses propres choix : s’il veut regarder le vélo, sans réagir, récompensez. S’il revient vers vous, récompensez. S’il renifle le sol, récompensez. Vous pouvez employer un clicker si vous savez vous en servir : l’emploi d’un marqueur pour indiquer au chien qu’il « fait bien » permet des résultats plus précis et plus rapides, à condition que ce marqueur soit employé avec un bon timing et qu’il soit toujours suivi d’un renforçateur, quelque chose qui compte vraiment aux yeux du chien.


N’allez pas trop vite ! C’est l’erreur que nous sommes tous tentés de faire, même en tant qu’éducateur ! Si votre chien réagit à nouveau, ou vous semble en inconfort, reprenez de la distance. Au fil des jours, des semaines ou de tout le temps qu’il faudra pour que votre chien se détende en présence du stimulus, vous verrez votre compagnon s’apaiser. Vous ne pourrez peut-être jamais le lâcher en présence de vélos, et peut-être que son comportement « indésirable » resurgira une fois sur dix au lieu d’une fois sur deux, mais n’est-ce pas déjà une formidable avancée qui vous permettra à tous les deux de profiter de promenades bien plus sereines ?


Je précise que cette méthode de travail n’est pas unique. Il y a mille et une façons d’agir sur un comportement ! Il s’agit d’une méthode relativement simple et peu invasive pour le chien, pour peu que son binôme humain soit suffisamment patient. N’oubliez pas cependant que l’idéal reste de travailler en étant accompagné d’un(e) éducateur(trice) en méthodes respectueuses. Prenez le temps d’étudier les profils des professionnels de votre secteur, et choisissez celui qui vous semble correspondre à vos valeurs. Travailler avec un(e) éducateur(trice) compétent(e) vous permettra d’éviter de faire des erreurs et vous donnera un point de vue extérieur sur les progrès de votre binôme.


Elsa Weiss / Cynopolis

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